Mi février, la SNEP organisait une conférence dédiée au marché de la musique en France. L’occasion pour le syndicat de présenter le bilan de l’état de l’industrie musicale française. Pour résumer en deux mots : “nouvelle croissance”.

En effet le marché reprend du poids avec une deuxième année de croissance consécutive, valorisé à un niveau de 723 M€. Il s’agit d’une belle progression par rapport à l’année précédente évaluée à +3.9% de croissance.

L’autre information importante concerne la part du digital dans les revenues globaux du marché. Celui ci concerne en 2017 285M€ soit environ 40% du marché, derrière les ventes physiques (298M€) et devant les droits voisins (118€) et la synchronisation (22M€).

Le streaming joue de plus en plus un rôle fondamental dans cette croissance. Les revenus de celui ci ont été multipliés par 2,7 depuis 2013 atteignant 243M€. Les habitudes de consommation changent et cela se confirme d’années en années où 42% des français déclaraient streamer en ligne en 2017. D’ailleurs les moins de 30 ans représentent 40% de la population totale de streameurs. En France, cette population concerne 4.4M de personnes. Nous ne sommes donc pas surpris de voir que le nombre d’abonnés payants a été multipliés par 3 et le nombre de streams multipliés par 5 par rapport à 2013.

Si le tableau ci dessus montre l’évolution croissante des revenus du streaming de 2013 à 2017, l’autre point intéressant concerne non seulement la croissance du streaming payant (203M€ pour 243M€ au total) mais également ces 40M€ de différence. Sans savoir sur quoi repose exactement cette autre forme de chiffre d’affaires, il est intéressant de noter que cette différence a augmenté par rapport à 2016 (197M€ – 167M€ = 30M€). Qu’est-ce qui a stimulé cette croissance ? Les plateformes de streaming ont elles trouvées d’autres moyens que l’abonnement payant pour enregistrer un autre type de croissance dans ses revenus ?

On parle beaucoup de value gap pour désigner l’état de notre industrie musicale actuelle et pour tenter d’argumenter une perte de valeur de la musique. Le principal acteur à blâmer reste Youtube désigné comme étant un obstacle à la croissance des revenues du streaming. Ce fait se vérifie dans le bilan communiqué par la SNEP, montrant que si le streaming vidéo représente près des deux tiers du temps consacré au streaming en France, cette consommation ne permet de consacrer que 11% des revenus du streaming. L’une des explications flagrantes concerne les 52 % de consommation de musique streamée uniquement sur Youtube. N’est-il pas enfin temps pour celui ci de rémunérer plus justement les acteurs de l’industrie musicale ?

Enfin il est important de savoir quel média est le plus vecteur de découverte musicale ? Et si l’on parle de plus en plus du rôle des playlists pour favoriser la découverte de nouveautés, la radio reste pourtant le premier canal pour les consommateurs français qui souhaitent identifier leurs prochains tubes préférés (59% contre 15% pour le streaming audio et 14% pour le streaming video).

Ces résultats sont de bon augure pour le futur de l’industrie musicale en France, motivés par de nouvelles technologies censées selon moi dynamiser la consommation et l’adoption du streaming. Le dernier podcast enregistré avec Quentin Delaoutre, développeur d’applications pour enceintes vocales nous a confirmé que ces objets connectées doivent représenter un premier moteur et levier de croissance.